Le blog de Yousuke (épisode 7)
Yousuke est cuisinier. Ancien étudiant à l’Alliance Française de Sapporo, il vit maintenant en France. Régulièrement, découvrez et partagez ses sentiments et ses impressions.
Un vieux pressoir
Le lendemain des vendanges dans le village de Trépail en Champagne, Guillaume m’a guidé vers l’endroit où il y a un vieux pressoir .
Dans cette petite usine, il avait quelques réservoires et quelques vieux outils qui étaient sur le mur en pierre et ce pressoir. Actuellement on dit que les très vieux pressoirs comme ça n’existent plus guère dans cette région. J’ai demandé au père de Guillaume, qui était déjà là, de quand il datait et il m’a expliqué qu’il avait environ 500 ans.
D’après des documents, il y a 500 ans, le champagne tel qu’il est consommé actuellement n’existait pas encore. Donc ce pressoir doit dater de cette époque où le vin pétillant a commencé à être produit, et il a dû connaître la peine des gens d’alors qui travaillaient pour faire le champagne. S’il pouvait parler, je discuterais avec lui .
Dans la famille de Guillaume, ils font eux-mêmes le champagne qu’ils boivent. Comme il est interdit d’expédier le champagne qu’on produit personnellement, il n’y a pas d’étiquette sur ces bouteilles. C’est le champage que nous buvions tous les jours au milieu des repas pendant la vendange. On a apporté presque tous les raisins que nous avons ramassés à un des deux grands pressoirs mécanisés de ce village pour l’expédition, et on en garde un petit peu pour soi-même .
J’ai demandé à participer au pressage du raisin avec ce vieux pressoir.
Pour obtenir du jus de raisin, d’abord on a mis 9 caisses, c’est-à-dire environ 400 kg de raisin, dans ce pressoir. C’était déjà dur de mettre du raisin dedans, c’est vraiment très lourd. Et puis on a installé des planches dessus bien en équilibre, et après on a pressé doucement en faisant tourner les embrayages avec un long levier. C’était encore dur de remuer le levier… Il devient de plus en plus lourd. Certainement, c’est moins cher que la salle de musculation…
Et on a recueilli le jus qui est sorti, après on l’a mis dans les réservoires. On ne fait pas le tri du raisin, c’est très simple. De temps en temps il faut le mélanger pour obtenir plus de jus et presser plus facilement.
J’ai l’impression que le mécanisme du pressoir est très habilement conçu et vraiment génial. On a dû déployer des trésors d’ingéniosité pour le réaliser. On m’a expliqué aussi que le bruit des embrayages qui fonctionnent – clic-clac – est un bruit traditionnel. On dit que ce bruit, ce rythme – clic-clac – résonnait partout dans les villages chaque année à cette période.
Outre cela, on a discuté de choses et d’autres qui m’intéressaient, en buvant du champagne. On a dit « c’est bon! » et on a ramassé les raisins pressés. Autrefois, on dit qu’on disposait quelques pressoirs et qu’on travaillait en rotation par équipe.
Evidemment pour que ce jus se change en champagne, il faut passer par plusieurs processus de fabrication pendant quelques années .
Il faut environ 3 ou 4 heures par pressage, et on doit travailler avec ce pressoir 3 fois par jour.
Ce jour-là j’ai participé seulement 2 fois, franchement, c’était le maximum, car j’avais déjà des douleurs musculaires partout à cause de la vendange.
Le jour précédent, j’ai aussi découvert le ratafia de Champagne. C’est une sorte de vin sucré, et particulier à la Champagne aussi. C’était vraiment extraordinaire.
Grâce à ces expériences, ma façon de penser par rapport au champagne a changé bien que je n’aie vu qu’une partie de la production du champagne.
J’ai réalisé que dans une bouteille, beaucoup d’expérience, de sentiments, d’histoires et de travail sont mis en bouteille avec du jus de raisin.
Ce fut une expérience vraiment précieuse. A Guillaume et son père, merci beaucoup!!
Yousuke
Voir le site officiel de la commune de Trépail: http://www.trepail.fr/